L’univers injuste des coléoptères
par
La feuille d’automne
Sur le sol est tombée lourdement
La faute à ce coléoptère fatigué
Qui sur ce refuge voulut se reposer
Après un périple éreintant
Le voilà au sol maintenant
Il avance en trébuchant
Sur le chemin forestier
À découvert
La peur au ventre
La peur au ventre de se faire écraser par les monstruosités
Qui ne regardent jamais où elles mettent le bout de leurs pieds
Et si par hasard elles l’aperçoivent
Alors sur son sort elles s’apitoient
Elles s’apitoient de voir ce pauvre bousier avec son élytre froissé
Alors, plutôt que de le poser délicatement le long du fossé
Elles le prennent en pitié et d’accuser :
« Ah ! Que Dame Nature est bien injuste !
Pourquoi n’a-t-elle pas fait de cet insecte frustre
Un majestueux cerf-volant
Ou une belle cétoine dorée ? »
Et la monstruosité
Dans un geste plein de pitié
D’un salvateur et rageur coup de pied
D’abréger les souffrances supposées
Du pauvre bousier qui n’avait rien demandé
Et surtout pas l’éternité