Le prix du silence
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Début du mois de décembre ; il fait froid sous un ciel bleu pâle. Les bruits insouciants de l’enfance ont quitté la maison, remplacés par une douce mélopée accompagnée d’un piano mélancolique. La mélodie est si belle que cela me rend terriblement triste. Pourtant, je vis intensément cet éphémère moment de solitude. Et puis, alors que la musique s’en est allée depuis quelques minutes déjà, je ressens comme un grand vide au fond du cœur. Brusquement, j’ai hâte d’entendre les portes claquer et la cohue dans les escaliers. Aujourd’hui, aurais-je peur du silence, alors qu’habituellement je déplore son absence à chaque coin de rue ? Non, c’est seulement que les rires des enfants ont en eux cette joyeuse humanité que jamais je ne retrouverai dans la scie sauteuse qui vient de se mettre en branle derrière la haie de ma maison. Rien n’arrêtera mon voisin bricoleur, pas même ce froid qui me glace le sang ; rien ou alors… une guerre peut-être… Mais qu’aurais-je à y gagner sinon le fracas des bombes et les pleurs des enfants ?
10 décembre 2022