Chambre d’hôpital
par
À Stéphen Moysan
Je regarde à travers la baie vitrée
Nous sommes au mois de mai
Le temps est orageux
De lourds nuages noirs jouent avec le soleil
Pendant que de drôles de petits nuages gris montent vers le ciel
On dirait de la fumée échappée d’une cheminée
Au loin d’impassibles nuages blancs survolent la forêt
Je suis assis sur mon lit
Il y avait longtemps que je n’avais pas regardé les nuages
Quand j’étais bien portant
Je n’avais tout simplement pas le temps
Je regarde de nouveau à travers la baie vitrée
Derrière de hauts châtaigniers
Je parviens à peine à distinguer les enfants
Dont j’entends les rires se faufiler à travers les branches
Pour venir cogner doucement au carreau
En contrebas une ère de stationnement
Incessant ballet de voitures
Marche arrière marche avant
Sur fond de goudron et de lignes pointillées
Au bout de la journée
Quelques places sont enfin libérées
Je jette un dernier regard à travers la baie vitrée
Avant de marcher lentement dans la petite chambre
Pour rompre l’inactivité et vérifier avec anxiété
Que la douleur commence lentement à s’estomper
Cette promenade est loin d’être banale
À mon bras attaché
Mademoiselle intraveineuse
De ma santé est soucieuse
Je suis lié avec elle pour la vie
Qu’elle me distille goutte à goutte
Est-elle une amie, une sœur de sang ?
Tout est si étrange dans cet univers médical
La brume lentement recouvre mes pensées
Je crois que j’ai besoin de me reposer
Je m’allonge sur mon lit et je rêve
Je rêve du jour où je pourrai m’en aller
Goûter aux averses qui giclent sur la baie vitrée
Et qui font râler toutes les personnes en bonne santé