Douceur
dimanche 23 avril 2023
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Je portais mes pas, sans but et sans temps,À travers les rues, sombres et désertes…L’obscurité avait chassé les gens,Et les retenait emprisonnés ; verteÉtait mon âme ; l’angélus égrenaitSes coups irréguliers, inaccessibles…Sur un banc, un clochard somnolait ;Près de lui, une bouteille videVeillait sur le repos de cette âme,Que le fer social n’avait point marquée.Il gisait, détaché, et sans rame,De tout être. Ce vieillard mal habillé,En haillons, j’aurais voulu le réchauffer ;Mais peut-être avait-il moins froid que moi,Qui traverse, seul, ce désert glacé…Près de là, on entendait le murmureDe la rivière ; Amour… Liberté…Répétait-elle sans cesse ; duresSonnaient ces paroles, qui ne signifiaientRien, pour le profane. Les silhouettesDe grands peupliers altiers, sur le ciel,Se détachaient, comme de grands squelettes,Tristes et désespérés de leur grandeur.À une de leurs branches, un croissant de mielÉtait accroché, pareil à une fleur.Au loin, les lumières de la ville,Brillaient et entachaient de milleReflets indécents, le ciel parseméD’innombrables petits points lumineux ;Île, entourée d’une mer obscure, etPeu à peu, étouffée par l’océanDes ténèbres. La lune brillait, comme un feuDe camp, perdu dans l’immensité des champs.