Le résumé de l’histoire
par
Au tout début de ma jeunesse, tout au plus étais-je capable d’imaginer des histoires dérisoires mettant en scène des pinces à linge et des bouchons de liège.
Au tout début de mon adolescence, tout au plus étais-je capable de tailler quelques lettres sur un pupitre en bois dont le trou pour l’encre restait désespérément vide, Le grand Meaulnes ayant épuisé tous les encriers depuis bien longtemps déjà.
Au tout début de ma vie d’étudiant, tout au plus étais-je capable, les yeux fixes devant les cristaux numériques, de repousser sans douceur le clavier jauni par la fumée de cigarette, de prendre une feuille de papier toute blanche, et d’écrire rageusement : « Pourquoi ? » puis « Pourquoi la mort ? » devant le sourire narquois de mon compagnon de chambrée.
Ensuite ? Plus rien. Jusqu’au jour où je me retrouvais à ramasser toutes ces pages éparpillées sur le plancher. Puis de m’endormir dessus. Et de me réveiller. Puis de me rendormir. En boucle. Jusqu’à cet étrange réveil.