XXIII

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

Évariste Gamelin était las et ne pouvait se reposer ; vingt fois dans la nuit, il se réveillait en sursaut d’un sommeil plein de cauchemars. C’était seulement dans la chambre bleue, entre les bras d’Élodie, qu’il pouvait dormir quelques heures. Il parlait et criait en dormant et la réveillait ; mais elle ne pouvait comprendre ses paroles.
Un matin, après une nuit où il avait vu les Euménides, il se réveilla brisé d’épouvante et faible comme un enfant. L’aube traversait les rideaux de la chambre de ses flèches livides. Les cheveux d’Évariste, mêlés sur son front, lui couvraient les yeux d’un voile noir : Élodie, au chevet du lit, écartait doucement les mèches farouches. Elle le regardait, cette fois, avec une tendresse de sœur et, de son mouchoir, essuyait la sueur glacée sur le front du malheureux. Alors il se rappela cette belle scène de l’Oreste d’Euripide, dont il avait ébauché un tableau qui, s’il avait pu l’achever, aurait été son chef-d’œuvre : la scène où la malheureuse Électre essuie l’écume qui souille la bouche de son frère. Et il croyait entendre aussi Élodie dire d’une voix douce : « Écoute-moi, mon frère chéri, pendant que les Furies te laissent maître de ta raison… »
Et il songeait :
« Et pourtant, je ne suis point parricide. Au contraire, c’est par piété filiale que j’ai versé le sang impur des ennemis de ma patrie. »


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Message estival

Vendredi 04 juillet 2025

Même si je vous donne peu de mes nouvelles, j’avance toujours tranquillement sur mon petit roman, intitulé Une journée ordinaire. Je dis « petit » dans le sens où il est peu bavard en terme de mots : 25 000 mots environ. Il est « terminé »... enfin, toute la matière est là. Je suis dans la phase où je relis et reprend chaque chapitre plusieurs fois jusqu’à en être (à peu près) satisfait. Peut-être cette phase se terminera-t-elle vers la fin de l’été, peut-être... car je reprends parfois tout du début, quand j’estime « perdre un peu le fil » De plus, le dernier chapitre est à revoir, la fin notamment... Je passe souvent énormément de temps à tenter de trouver une fin « pas trop banale ». Bref, beaucoup de cuisine interne !

Bien à vous et en vous souhaitant un bel été (au frais en ce qui me concerne),
Paul Jeanzé