Petits travers

mercredi 17 mai 2023
par  Paul Jeanzé

Raymond Devos – Petits travers (Théâtre Montparnasse - 1982)

L’artiste (ayant un lorgnon sur son nez) :
Derrière mes verres, je vois tout petit !
(Regardant autour de lui :)
Je vois un petit micro-micro !
Je vois un tout petit piano comme ça… avec une toute petite queue…
Je vois un tout petit pianiste… comme ça… avec…
Derrière mes verres, non seulement je vois tout petit, mais je vois tout de travers !
Dans la rue, je marche de travers ; je traverse de travers !
Il n’y a que dans les rues transversales que ça marche à peu près droit !
Hier soir, je monte dans ma petite voiture…
Je mets mes verres de travers, ma ceinture en travers.
Jusque-là, tout allait de travers… mais bien !
Je fonce droit…
Et je vois à travers mon petit pare-brise un petit car de police… un mini-car… un quart de car…
En descend un petit gendarme à pied… avec deux petits pieds…
Il brandit son petit bâton : Stop !
J’obtempère.
Ma petite voiture se met en travers. Je vois dans mon petit rétro, derrière, un petit camion… (il en indique la dimension entre le pouce et l’index) un petit poids lourd… qui me prend à revers… Sloup !
… Je perds mes verres !
Et je vois… un immense agent de police, avec un grand képi de travers… deux gros yeux…
—  Donnez-moi vos petits papiers ! d’une toute petite voix.
Je lui donne mes petits papiers… Il sort son gros crayon vert et il écrit sur une immense contravention… mon petit nom !
—  Un Vos !…
—  ? Non ! De (ux)…
(L’artiste indique le chiffre de l’index et du majeur.)
Il me dit :
—  C’est vous qui vous moquez de nos petits travers ? Mettez votre petit autographe !
J’ai pris son gros crayon vert… et j’ai écrit sur son immense contravention… mon grand nom.
Et ça m’a coûté une petite fortune ! !


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Une année dans tous les sens

Mercredi 15 janvier 2025

Une nouvelle année commence, et fidèle à mes habitudes depuis dix ans maintenant, se termine une année de poézies, entre bon sens et contresens. C’est également la fin du triptyque en "sens". Pour les trois années à venir, j’espère aller au fond des choses, tout en évitant l’overdose et les pensées moroses.

Bien à vous,
Paul Jeanzé