Le petit poème
par
Goutte à goutte à goutte à goutte
Le poème sous perfusion
Hélas est bien moribond
À son chevet deux médecins imaginaires
« Ce qu’il faudrait mon cher confrère
C’est un sonnet quelques quatrains
Et si j’osais un majestueux alexandrin ! »
« Mais que nenni mon cher ami laissons la prose s’exprimer sans contrainte sans règle déréglée libérée de façon délibérée ne recherchons pas sans cesse la rime plate ou la rime embrassée le ver aux douze pieds à votre santé et la césure qui divisa tant d’hémistiches ! »
Et pendant que nos éminents spécialistes
Devisaient gaiement de leurs sublimes théories
Malgré son grand courage
Notre petit poème en vint à expirer
À l’enterrement du petit poème
Même l’élégie se porta pâle
À l’enterrement du petit poème
Seule l’épitaphe vint à passer
Ci-gît et là un petit poème qui aujourd’hui s’en est allé
Il n’attendait rien qu’un je t’aime
On n’eut de cesse de l’étudier